lundi 18 septembre 2023

Jardins et climats (Claire)


 

Cet été j’ai été amenée à bien des réflexions sur les jardins, sur mon jardin, mais j’en étais éloignée et tout ce que je pouvais faire c’est craindre pour la survie de mes dernières plantations, des bébés arbustes, en l’absence totale de pluie.
Au retour, tout avait survécu et c’était une bonne surprise car l’année dernière et l’année précédente j’ai vu se dessécher et mourir presque tous les jeunes arbres que j’avais plantés en investissant le jardin, en 2012. Un mimosa magnifique, un pêcher, un cerisier et une vipérine du Cap (bouture volée au Rayol et qui était devenue un vrai arbre). Je ne sais pas si c’est la sécheresse qu’on doit incriminer ou une maladie…


Ce jardin, c’est une des raisons principales de notre choix de la maison, à cause de ses oliviers. La maison a été construite, comme toutes celles qui l’entourent, dans les années cinquante dans une oliveraie pluri-centenaire et il y a donc 6 oliviers impressionnants, qui apportent de l’ombre au jardin. Mais mes rêves d’enfants grimpant dans les arbres et courant le soir à la fraîche ont été immédiatement contrariés par la présence des moustiques-tigres, féroces le matin et le soir. Je crois qu’ils sont arrivés à peu près en même temps que nous et la seule solution que je vois serait de transformer le jardin en un parking bitumé (ils n’aiment pas le minéral). On a quand même investi dans un « mosquito magnet » pour un résultat relatif.


Fin juin, début juillet, j’ai passé du temps à Amiens, Lille et Toulouse. Les jardins du nord et du sud-ouest en début d’été ont quelque chose de magique, on baigne dans le parfum des tilleuls, le vert de l’herbe, les fleurs épanouies. Je me disais que l’eau, décidément, est l’alliée principale du jardinier, que son absence le condamne à des stratégies très particulières. Ici, à Toulon, les très beaux jardins ont tous été plantés au pied d’une pente calcaire où naissent des sources abondantes. Faute d’eau – on ne peut pas arroser abondamment – beaucoup de plantes « végètent » : elles survivent mais cinq ans après la plantation elles n’ont pris que quelques centimètres. Sauf les majestueuses acanthes, envahissant deux fois par an tous les coins inoccupés, les oxalis jaune citron ou les lauriers-tins qui colonisent mon jardin, les pervenches et les asparagus, les valérianes, les marguerites du Cap, les freezia. Au printemps ce sont les fleurs sauvages qui font le spectacle, c’est très beau. Mais l’été est la saison de la survie, pas question de dépenser son énergie dans des floraisons, à part les lavandes et le grand bougainvillier sur le mur.


Je me suis pas mal inspirée d’un beau livre : « Pour un jardin sans arrosage » d’Olivier Filippi, qui a une pépinière près de Montpellier. A la plantation (en automne) faire une grande cuvette d’arrosage où on pourra déverser 30 à 40 litres d’un coup, et seulement quand la plante « baisse les oreilles », pour l’obliger à « descendre » ses racines profondément, et seulement les premières années ; pailler ; rassembler les « soiffardes » dans un seul massif qu’on arrosera mieux...et laisser mourir celles qui décidément ne s’acclimatent pas. Parce que l’eau ce n’est pas seulement l’arrosage, c’est aussi l’humidité ambiante, dont certaines plantes ont toujours besoin. Un framboisier en méditerranée, c’est à oublier.

J’ai installé un réseau discret d’arrosage goutte à goutte, pour aider certaines à survivre, en arrosant tous les dix jours pendant deux ou trois heures les plantes plus âgées qui en ont besoin.

Je crois que sur un balcon il faut des pots profonds et si on s’en va longtemps un système d’arrosage automatique au goutte à goutte aussi. Même la plante la plus sobre ne survivra pas une fois le pot complètement à sec. Mais il y a beaucoup de plantes grasses qui résistent pas mal quand même.

L’autre inconvénient du climat méditerranéen c’est l’absence de froid, qui permet aux ravageurs de prendre leurs quartiers d’hiver en toute quiétude et de prospérer dès le printemps. Cochenilles, araignées rouges, mouche de l’olive, j’ai renoncé à mener un combat inégal. J’élimine les plantes trop envahies, voilà tout. Et une année de prolifération de rats des champs m’a dissuadée de mettre les épluchures dans le compost et de planter un potager (en plus je suis souvent absente l’été).


Mais par contre nous avons Marguerite, une jeune tortue d’Hermann qui est venue toute seule dans ce jardin un peu sauvage, depuis la « colline » toute proche, et qui vient boire ou croquer un fruit que nous lui proposons...et de temps en temps un hérisson ou un renard viennent faire un tour.


Voilà, pour compléter ce portrait en demi-teinte, l’amandier et les agrumes donnent vaillamment trois fruits par ans, à part le citronnier nettement plus âgé et plus généreux. Je me dis qu’il faut encore plus de patience au jardinier méditerranéen qu’ailleurs...ou beaucoup d’eau à disposition, mais ce n’est pas écologiquement défendable.


J’espère que vos retrouvailles avec vos jardins ont été fructueuses et heureuses,

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